Quand on pose les yeux pour la première fois sur la couverture de Wake the Dead, de Frédéric Czilinder aux éditions Armada, on voit une pomme d’amour. Cela dit, accuser Frédéric Czilinder et son illustrateur de couverture Michel Borderie de faire l’apologie du glucose et des caries de fête foraine serait tout à fait mesquin. L’œil ne manquera pas en effet de glisser de la nostalgie caramélisée de nos jeunes années au mort-vivant dont le t-shirt est moins déchiré que son visage. Quand les morts ne le restent pas, on se soucie bien peu de l’excès de sucre sur les dents.
Cette première de couverture est magnifique non seulement par son exécution, mais aussi parce qu’elle vous donne d’entrée de jeu une idée précise de ce qui vous attend dans le roman. Deep Harbor, petite ville du Massachusetts, se souviendra pour longtemps de sa soirée d’Halloween dont la fête foraine devait être le point d’orgue. A condition évidemment qu’il reste des survivants pour en témoigner. Les morts se relèvent et ils ont bien l’intention d’inviter les habitants à la fête. Dans le rôle du repas.
Arrêt sur image ici. Vous allez penser que cette histoire est celle d’une attaque de zombies sur une ville américaine. Tout à fait ! Vous allez aussi songer que la culture populaire a des histoires comme celles-ci par wagons entiers. Tout juste derechef. Et c’est bien pour ça que Wake the dead fait son effet et tape dans le mille. Il ne révolutionne pas le genre, parce qu’il n’en a pas la moindre intention. Frédéric Czilinder nous convie à une démonstration de pure tradition qui fera remonter à coup sûr des effluves de pop corn dans un canapé pour la plus fervente déclaration d’amour à la culture des années 80-90. Des valeurs sûres de la culture made in USA avec de troublants rôles de décomposition. Poussez les fauteuils et faites de la place : il va falloir ressortir vos vieilles vidéos de teen movies qu’il est injuste de laisser flétrir. Époussetez les Stephen King de votre étagère, vous n’allez pas tarder à les relire après ça. Montez le volume de la sono et faites résonner ACDC et Metallica dans votre salon. La gothique, le rockeur ténébreux, le flic, la sorcière énervée, le quatterback et la blonde… ils sont tous de la partie comme si vous les aviez quittés hier ! Il est tellement bon de lire un livre qui ne cherche rien d’autre qu’à faire ronronner les bons vieux classiques dans son moteur et à vous faire passer un bon moment sans chichis (mais avec des pommes d’amour). C’est une évidence, Frédéric Czilinder se fait plaisir et il serait injuste de ne pas prendre 300 pages de simple bon temps avec lui pour les quidams que le genre fait vibrer.
Très concrètement, si les zombies vous laissent aussi froids que leur peau et que les classiques horrifiques américains vous font fuir alors passez simplement votre chemin. Pour les autres en revanche vous retrouverez tous les ingrédients qui font monter la pâte. On a même le temps d’apprécier les petits rouages narratifs qui font tenir l’histoire sur le temps d’une journée et le déhanché de l’intrigue qui passe d’un personnage à l’autre sans jamais perdre son lecteur puisque c’est bien connu : tout est lié et les personnages aussi.
Simple et efficace comme un bon rock n roll, Wake the Dead se lit comme on regarde un film dont on sait à coup sûr pourquoi il est entré dans notre top personnel la première fois qu’on le vit. Oui il a vieilli et on connaît la fin depuis des lustres, mais c’est notre film à nous. Les pommes d’amour donnent des caries, mais rien à faire, on continue à mordre dedans en tenant la main de son premier rancard. C’est un peu ça Wake the Dead ! Et c’est tant mieux, autant en profiter et ressortir les photos parce qu’on a qu’une vie… ou presque.
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