Tout n’est pas perdu, de Wendy Walker, paru aux éditions Sonatine, est un thriller psychologique novateur, qui, au terme de la dernière page, laisse le lecteur dans un état d’hébétude rare. L’enquête est mise au second plan, ici, ce que l’on traque, ce n’est pas un coupable, ce sont des souvenirs. On cherche du sens.
Sur la couverture de Tout n’est pas perdu, cette jolie jeune femme au visage à demi effacé, c’est Jenny Kramer. Suite à une agression terrible, elle a reçu un traitement expérimental destiné à lui faire oublier ce qu’elle a subi. De son viol, donc, elle ne conserve aucun souvenir. De la peur, de la douleur, de la honte, ne subsiste pas la moindre trace. Chacun pense qu’elle est en état de reprendre le cours de sa vie, là où elle l’avait laissée. Mais sa mémoire émotionnelle se souvient, elle. Et son corps est profondément marqué. Si bien que Jenny souffre dans sa chair et dans son âme, sans pouvoir comprendre l’origine de ce mal. Sans pouvoir lutter contre. Désarmée et impuissante face à ce qui la ronge de l’intérieur.
C’est ce mal qui la conduira tout droit dans le cabinet du psychiatre Alan Forrester. Pour qu’elle puisse se reconstruire, il lui faut recouvrer la mémoire, savoir et comprendre ce qu’il s’est passé ce soir-là, dans les bois. Mais, quand les premiers souvenirs ressurgissent et menacent ce que le psychiatre a de plus cher, il doit faire un choix, des sacrifices – au risque de se perdre. Conscience professionnelle ou instinct paternel… ? Quête de vérité ou protection de ceux qu’on aime… ? Intégrité ou manipulation… ?
Dans son cabinet, Alan Forrester entendra tour à tour Jenny, sa mère, son père, et d’autres protagonistes de l’histoire. Chacun lui offrira sa confiance, lui ouvrira les portes de son intimité. Chacun lui livrera ses secrets inavouables – parce que c’est son métier, écouter, recevoir, soigner. Derrière le verni des apparences, de vieilles souffrances surgiront. Passées au crible par le psychiatre, elles apporteront une nouvelle lumière aux actes des personnages.
Alan Forrester est le narrateur de Tout n’est pas perdu. Il raconte au lecteur l’histoire de Jenny et de sa famille, avec ses mots, ses digressions, ses maladresses, ses raisonnements et ses conclusions de médecin. Tout le récit est perçu à travers le prisme de sa curiosité professionnelle. On découvre ce viol et ses conséquences terribles à travers le regard distancié d’un professionnel. Tout n’est pas perdu est un roman qui s’inscrit dans l’analyse psychologique, pas dans l’émotionnel. Ce qui prime ici, plus que les sentiments et les émotions, ce sont la réflexion, l’analyse, la compréhension de mécanismes psychologiques. C’est distancié, c’est froid, c’est clinique. C’est une approche originale pour un thriller, ce qui fait du roman Tout n’est pas perdu un véritable OVNI.
Nous sommes de petits êtres sans importance. C’est seulement la place que nous occupons dans le coeur des autres qui nous remplit, qui nous donne notre raison d’être, notre fierté, et notre perception de nous-mêmes. Nous avons besoin que nos parents nous aiment sans conditions ni logique, et au-delà du raisonnable. Nous avons besoin qu’ils nous voient à travers des lentilles déformées par cet amour, et qu’ils nous disent qu’à tout point de vue le simple fait que nous soyons sur cette terre les emplit de joie. […] Voilà ce dont nous avons besoin de la part de nos parents, plutôt que de la vérité sur notre insignifiance. Nous rencontrerons bien assez de gens pour nous le rappeler, pour évaluer froidement notre médiocrité.
Et hop dans ma valise pour mes vacances en août ! je reviendrai dire ce que j’en pense mais vu le commentaire, je trépigne déjà sur place… vais-je attendre aussi longtemps ^^? merci pour cette chronique et ce partage.
J’espère tellement que ça va te plaire ! Je m’en voudrais sinon ;) Mais prépare toi hein, c’est un roman vraiment particulier, qui laisse une sensation bizarre à la fin. Je n’arrive toujours pas à décider si j’ai aimé ou non cette lecture si particulière ;) Hâte d’avoir ton retour !
En tout cas ta chronique m’intrigue, je ne connaissais pas du tout mais je me le note :)