Avec Rendez-vous à Phoenix, Tony Sandoval s’essaie à une oeuvre plus personnelle et plus réaliste. Ici, pas de tentacules, pas de monstres, pas d’ambiance horrifique, pas de fantastique – comme on en trouve dans Le serpent d’eau ou Mille tempêtes, par exemple. Ici, tout est ancré dans le réel. Dans son réel. Puisque le matériau de Rendez-vous à Phoenix, c’est Sandoval lui-même. Son histoire, sa jeunesse. Ses rêves, ses espoirs. Pour les fans de l’auteur, c’est un véritable bonheur de le voir se dévoiler et d’entrer, à petits pas, dans sa vie.
Rendez-vous à Phoenix, c’est le récit autobiographique d’une histoire clandestine. Le jeune Tony n’a aucun espoir de percer dans le monde de la bande dessinée au Mexique. Originaire du Sonora, il sait que son avenir d’illustrateur est aux États-Unis, tout comme la femme qu’il aime, Suzanne, étudiante à Portland. Mais sa demande de Visa est systématiquement refusée et il ne peut la rejoindre. Désespéré, il prend cette décision un peu folle : tenter de passer clandestinement la frontière. Un projet audacieux, de longue haleine et parsemé d’embûches ! Mais sa persévérance n’a d’égal que son amour pour sa Suzy. Des rêves plein la tête, il s’embarque dans cette difficile traversée, direction Phoenix !
Pendant le périple de Tony, on découvre la dure réalité de ses compagnons de route, des clandestins portés par le rêve américain, qui n’hésitent pas à prendre de nombreux risques pour fuir un pays qui ne leur apporte plus rien. Un acte courageux, un acte nécessaire. On découvre leur peur, leur détermination. Les dangers qu’ils affrontent. Les espoirs qu’ils nourrissent.
Rendez-vous à Phoenix est un album intimiste qui détonne dans l’oeuvre de Tony Sandoval. Si son trait de crayon demeure le même – des visages caricaturaux, des corps décharnés, accompagnés de douces aquarelles – le récit, quant à lui, se pare d’une simplicité très inhabituelle pour l’auteur. Tony Sandoval nous offre un récit sincère et optimiste, empreint de la naïveté et de l’idéalisme de la jeunesse.
Et son rêve de devenir dessinateur, on se réjouit qu’il ait pu le réaliser !
Comme tu le dis, c’est un bonheur de lire Sandoval dans un récit comme celui-ci quand on aime l’auteur.