Max, de Sarah Cohen-Scali, est un titre phare dans le paysage de la littérature young-adult, récompensé par de nombreux prix littéraires et encensé par la critique. Une référence incontournable, LE titre qui vient en tête lorsque l’on évoque le thème de la Seconde Guerre Mondiale.
Max – vous pouvez aussi l’appeler Konrad von Kebnersol – est le premier né du programme Lebensborn, le premier né de la race suprême, et a été baptisé par le führer en personne. Il est venu au monde le 20 Avril juste après minuit, jour anniversaire d’Hitler, à Steinhöring, le premier Lebensborn ouvert par Heinrich Himmler. Un bébé aryen, la perfection : yeux bleus, cheveux blonds, crâne allongé, coriace comme du cuir, dur comme de l’acier. Sa mère ? L’Allemagne. Son père ? Le führer.
Je suis l’enfant du futur. L’enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d’autre que la force et la rage.
Les Lebensborn – Fontaines de vie – étaient des centres qui accueillaient des mères porteuses – des femmes anonymes et de race pure, enceintes de soldats SS. Leurs bébés, s’ils répondaient aux rigoureux critères de sélection, leur étaient arrachés et confiés au IIIème Reich. Des enfants répondant à ces critères étaient enlevés dans les pays conquis et placés dans ces centres, afin qu’ils soient “germanisés”. Le programme de création des Lebensborn visait à développer une race supérieure et dominante, à constituer l’élite du futur. On estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’enfants éduqués dans les Lebensborn.
Toutes seront fécondées par des SS ! Une semence aryenne. Un réceptacle diversifié mais trié sur le volet et, au final, un produit unique. Nous. L’armée des enfants blonds aux yeux bleus. L’armée du futur.
Ce roman, c’est l’histoire de Max, un enfant fabriqué par l’Allemagne nazie, pour l’Allemagne nazie. Un enfant à la destinée tracée bien avant sa venue au monde. Un enfant sans libre arbitre, sans liberté de pensée, modelé et manipulé par l’idéologie nazie, voué à l’épouser. Un enfant formaté, sans aucune échappatoire. Max est le narrateur de ce récit : il prend la parole alors qu’il n’est encore qu’un bébé et il s’adresse directement à nous, lecteurs. Ce procédé stylistique permet de démontrer les ravages du conditionnement et de l’endoctrinement. Un bébé, dans le ventre de sa mère, est déjà réceptif à ce qui l’entoure. Il perçoit, il reçoit, il est influençable. L’environnement dans lequel il grandit ensuite conditionne sa pensée et ses valeurs. Max – notre bébé aryen, notre bébé nazi – est effroyable.
C’est exactement ce que je veux : être souple. Élancé. Vif. Dur. Coriace. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d’aimer. Je combattrai au lieu de prier.
Mais, alors qu’on pense que Max est une cause perdue, un enfant définitivement sacrifié par le régime nazi, un être abject irrécupérable, une lueur d’espoir apparaît, lointaine et chevrotante… La guerre permettra-t-elle à Max de sortir de son carcan et de s’éveiller au monde qui l’entoure ?
Pour la première fois, je pleure. Est-ce que ça signifie que je suis devenu un enfant comme les autres ?
Max est un récit au vitriol. Porté par une prose acide, par un ton à la fois enfantin et étonnamment mature, il se tient à distance du mélodrame. Le lecteur découvre au contraire la violence et le fanatisme chez un enfant manipulé par sa patrie – une victime coupable du régime nazi. A l’instar du petit Max, le lecteur est jeté sans ménagement dans le “mauvais” camp et forcé de subir son matraquage idéologique sur plusieurs centaines de pages. Souvent écœurant, parfois touchant. Instructif et indispensable.
J’ai bien intention de le lire, et suis bien content de l’avoir fait entrer dans ma bibliothèque ! Ton avis me confirme qu’il en vaut la peine, merci :)
Oh oui, c’est vraiment devenu un incontournable, tu peux y aller les yeux fermés ! ;) Les lecteurs sont unanimes au sujet de ce titre et c’est mérité.
En effet, ce livre me paraît très intéressant ! A voir…
Fini hier, gros coup de coeur, ce livre reste vraiment en tête…