Avec L’importun, Aude Le Corff signe un roman sensible et délicat sur la rencontre de deux solitudes.
La narratrice et sa famille emménagent tout juste dans la maison qu’un vieil homme vient de quitter pour intégrer un établissement médicalisé, triste et aseptisé – un établissement pour finir ses jours. Devenu trop âgé pour vivre seul, ses filles ont choisi de le placer et de vendre la maison qu’il a habitée et aimée durant toute sa vie. La narratrice, enceinte, lassée de la vie bruyante et mouvementée de Paris, s’installe avec son mari et son enfant. La Bretagne, le Morbihan, l’iode et la mer… elle pense avoir trouvé le lieu idéal pour se ressourcer, pour puiser l’inspiration et la force d’écrire son prochain roman. C’est sans compter l’opiniâtreté de l’ancien propriétaire, Guy Moustier, qui s’obstine à s’inviter chez elle comme s’il était encore chez lui… D’abord déstabilisée par les fréquentes intrusions de l’importun et agacée par son mépris, sa curiosité finit par la pousser à essayer d’apprivoiser cet ours mal-léché et de percer ses mystères…
Quel caractère ce Guy Moustier ! Difficile de ne pas sourire face à son incontestable culot ! Difficile de ne pas s’émouvoir du comportement de cet homme bourru, désagréable et sans-gêne ! Comme on le comprend, cet homme chassé de chez lui, cet homme arraché brusquement à son foyer, séparé de tout ce qu’il connaissait et aimait. Comme on le prend en affection, cet homme profondément seul, cet homme incapable d’aimer car écrasé par un trop lourd fardeau… cet homme qui s’accroche aux débris de sa vie, comme au naufragé.
L’importun, à travers les portraits de ces deux personnages solitaires et blessés par la vie, rappelle avec simplicité que le passé d’un individu le construit et le définit. Guy Moustier et la narratrice n’ont pu s’en défaire et ont appris à composer avec leurs fêlures et leurs manques. Les traumatismes vécues pendant l’enfance ne justifient pas, mais expliquent des comportements inconvenants, une incapacité à aimer, à croire, à espérer. Ensemble, ils baissent leur garde et se remémorent… le manque d’affection, la solitude, la douleur, l’incompréhension… leur innocence volée prématurément…
Aude Le Corff a relevé le défi de dresser le portrait de deux protagonistes singuliers aux histoires pourtant universelles. Le récit se déroule en huis clos et invite le lecteur dans l’intimité des personnages. A l’instar de Guy Moustier, on ouvre la porte d’entrée et on s’installe silencieusement, comme si les lieux nous étaient familiers, comme si l’on était chez nous. L’importun est un roman si juste, si sensible, il éveille en nous une profonde empathie.
Je remercie Noukette de m’avoir donné envie de découvrir ce roman.
Un titre qui circule pas mal sur les blogs. Il faudra que je me lance car ce qui en est dit me fait vraiment envie.
J’ai été surtout marquée par la chronique de Noukette ! Les tentations sont nombreuses sur la blogosphère, et celle-ci à été une belle découverte ! Je te le conseille :)
Une chronique qui donne vraiment envie de pousser la porte de cette maison pour en rencontrer les habitants.
Et je t’y invite chaleureusement. Tu verras, au début on se sent un peu de trop entre ces deux personnages cabossés par la vie, mais après on apprend à les connaître et on se sent bien…
Je suis ravie ! Il ne te reste plus qu’à lire le premier roman de Aude, tout aussi sensible… Une bien belle plume…!
J’ai hésité en passant devant… mais je pense craquer parce qu’il a l’air très beau aussi !
Elle est terrible cette Noukette, elle nous en donne des envies de lecture !
Tu m’étonnes ! Et on en redemande ! :D
Je le note avec envie. Joli billet.