En ce moment, on parle beaucoup de harcèlement sexuel. Il y a eu cette vidéo d’une femme marchant pendant plusieurs heures dans les rues de New York. On y voit le harcèlement qu’elle subit, on y entend les remarques, les commentaires déplacés, les insultes, le manque de respect et l’intrusion des hommes. Un vidéo effrayante qui a fait le tour du web, déchaînant les passions et les réactions.
Et il y a eu la bande-dessinée « Les crocodiles » de Thomas Mathieu, qui met en scène des anecdotes réelles vécues par des femmes. Des mises en situation dans lesquelles les hommes sont représentés sous l’aspect de crocodiles pour en faire des prédateurs uniformisés. Je l’ai lue il y a quelques semaines, et ce fût une expérience dérangeante, vraiment. Un enchaînement d’irrespect, de violence – physique et verbale – de hargne. Une succession de scènes abjectes à s’en écœurer. Dans lesquelles les femmes deviennent des proies, des victimes, de la chair à malmener. Et cette impression que certains hommes apprennent l’amour à l’aide de films pornos… Le but de cet album n’est pas de nous mettre face à un catalogue malsain et perturbant pour le pur plaisir de déranger. Non, l’auteur va plus loin. Il nous met en condition puis propose des solutions, des petites astuces pour se défendre, se protéger. « Les crocodiles » est une mine d’or, une bible à mettre entre les mains des femmes ET des hommes, impérativement. Pour éveiller certaines consciences un peu endormies…
Cette lecture – lucide et perturbante – m’a ouvert les yeux sur une évidence. J’ai constaté que ça ne m’arrivait jamais. Ni dans la rue, ni dans les transports en commun, ni ailleurs. Passé le cap de la réaction dépitée « je suis moche, je n’intéresse personne » digne d’une pré-adolescente (que je ne suis plus depuis un bout de temps), je me rends compte que c’est une chance inestimable. Ni trop jolie ni pas assez, ni trop sexy ni pas assez, jamais provocante et jamais seule dans des rues sordides à 3 heures du mat’, je me fonds dans le décor et passe inaperçu. Et ma discrétion paie. Mais ce n’est pas parce que ça ne m‘arrive pas, que ça n’arrive pas.
Je pense à ces femmes particulièrement jolies (et j’en connais !), qui elles, suscitent des réactions déplacées. Sont sifflées, chahutées, suivies, insultées. Je pense à mes amies, qui ne sont pas tranquilles. Ne peuvent pas se sentir en sécurité. Je pense à l’angoisse que peut ressentir une femme dans certaines situations. Et ça me donne envie de rugir et de soutenir le Projet Crocodiles. D’aller dans son sens, d’espérer qu’il soit entendu. Le harcèlement est un sujet sensible et délicat qu’il a le mérite d’attraper à bras le corps et de dénoncer. Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre directement sur leur site internet.
J’ai vu la vidéo qui a tourné sur le web mais je ne connaissais pas ce livre. Je trouve l’idée de représenter tous les hommes sous forme de crocodiles très bonnes. J’imagine bien que ce doit être une lecture dérangeante mais je me laisserais bien tenter. :)
L’idée est bonne mais surprenante ! Elle permet vraiment de voir les hommes comme des prédateurs. Tout en ayant conscience (heureusement !) qu’ils sont loin d’être tous comme ça. Laisse toi tenter, elle est indispensable pour tous je trouve.
Je partage ton avis sur la BD :-)
http://twentythreepeonies.com/2014/12/10/les-crocodiles-thomas-mathieu/