Jean-Philippe Blondel est un auteur que je lis depuis de nombreuses années. Un auteur qui use de sa plume avec sensibilité pour offrir des romans forts et chargés d’émotions. Des récits à destination des adultes (Un hiver à Paris, 06h41) et d’autres à destination des adolescents (Double Jeu, Un endroit pour vivre, Blog). En cliquant sur les titres vous pourrez découvrir ou redécouvrir mes avis. Son matériau préféré pour façonner ses histoires ? L’humain, rien que l’humain. Jean-Philippe Blondel sonde avec justesse les sentiments, les émotions, le cœur et l’âme de l’Homme. Chacun de ses romans est une véritable pépite. Un auteur que je vous invite à découvrir sans plus tarder !
♦ Jean-Philippe, vous êtes un écrivain maintenant bien établi dans le paysage littéraire actuel, vous avez signé de nombreux romans, vos livres sont toujours attendus et bien accueillis. Une position qu’il est souvent difficile d’atteindre et qui peut faire rêver de nombreux jeunes auteurs. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Écoutez, c’est avant tout un parcours long et qui a demandé de la persévérance – même si je ne m’en rendais pas compte pendant que je le vivais : vingt ans à démarcher toutes les maisons d’édition avec vingt romans différents (un par an) et plus de deux cent cinquante refus… jusqu’à ce que Delphine Montalant accepte le vingt et unième… Je n’ai jamais fréquenté le milieu littéraire, où je ne connaissais personne. En revanche, je connaissais bien les productions des maisons d’édition, parce que je n’ai jamais cessé de lire les romans contemporains.
♦ Votre carrière est inspirante. Auriez-vous des conseils à offrir aux jeunes auteurs ?
D’abord, ne jamais désespérer. Ensuite, tenter de cibler les maisons auxquelles on envoie ses manuscrits – et commencer par celles qu’on retrouve le plus fréquemment dans sa bibliothèque. Et lire, toujours, continuer à lire.
♦ Comment arrivez-vous à concilier votre emploi de professeur d’Anglais et votre carrière d’écrivain ? Ce sont deux activités qui demandent beaucoup d’investissement, comment vous organisez-vous ?
En fait, écrire ne me prend en gros qu’une heure par jour (mais j’écris tous les jours), et c’est un moment très égoïste, qui me fait beaucoup de bien. C’est le moment où, après avoir donné aux autres toute la journée ( les élèves, mes enfants, ma femme, mes amis…), je me retrouve…pour mieux m’oublier.
♦ Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire pour un public plus jeune ? Cette envie est-elle née de votre travail de professeur ? On imagine que les deux activités sont intimement liées.
A de très rares exceptions, mes romans peuvent être lus dès 14-15 ans, de toute façon. Mais à un moment donné, oui, j’ai décidé d’écrire pour les élèves que j’avais en face de moi parce que je me souvenais qu’à leur âge, je ne trouvais pas toujours de romans qui me parlaient de moi.
♦ Depuis la publication de votre premier roman pour adolescent – Un endroit pour vivre, récemment réédité par Actes Sud Junior – vous alternez régulièrement roman adulte / roman ado. Comment vous vient l’inspiration et comment choisissez-vous le public de votre prochain roman ?
J’observe beaucoup, comme tous les écrivains. Mes élèves. Mes enfants. Leurs amis. Je me souviens aussi de ma propre adolescence. Ensuite, je me lance. Le choix se fait automatiquement par l’âge du narrateur – il se trouve que depuis que les collections ados existent, il y a très peu de romans en littérature générale où le héros est un ado. Sinon, pour le style, je ne fais aucune différence.
♦ Votre dernier roman pour les adultes, Un hiver à Paris, est un roman très beau, très fort. Il a touché et ému votre public. Vous y racontez avec émotion et justesse le suicide d’un ami au cours de vos années de classes préparatoires à Paris. Dans l’émission La Grande Librairie, vous avez dit que ce roman “a mis 30 ans à sortir”. Quand et comment le déclic de le coucher sur papier a eu lieu ? Comment s’est déroulée sa rédaction ?
Alors, il s’agit avant tout d’un roman. Je parle d’un point de départ autobiographique, mais il ne s’agit pas d’une autobiographie. Je ne ressemblais pas à Victor ( même si j’étais en classe prépa), parce que j’avais d’autres priorités à gérer à l’époque (que je raconte dans Et Rester Vivant) et je n’étais pas ami avec cet étudiant qui s’est suicidé. Je ne le connaissais pas, en fait. Mais c’est son cri qui m’est resté en mémoire – probablement parce qu’à certains moments, j’aurais été tenté de faire comme lui. Le déclic a été lent, il a fallu plusieurs rencontres, plusieurs soirées à raconter mes souvenirs – à trente ans de distance, donc fatalement pas toujours fiables. Je me souviens, en rédigeant, que je me disais que j’aurais aimé, en fait, rencontrer Victor, à l’époque.
♦ Vous est-il plus difficile – plus douloureux ? – d’écrire un roman autobiographique qu’une fiction ? Êtes-vous plus inquiet de la réception que va lui réserver votre public ? Êtes-vous plus intimement atteint par les réactions qu’il suscite ?
Je n’ai écrit qu’un seul roman proprement autobiographique, Et Rester Vivant. C’était nécessaire et douloureux. Maintenant, on est toujours inquiet de la réaction du public, quelque soit le type de récit. La seule solution que j’ai trouvé, pour oublier l’anxiété, c’est de me lancer dans l’écriture d’un autre roman. Le plus compliqué, c’est que, quand on mêle quelques éléments autobiographiques et de la fiction, les lecteurs sont tentés d’oublier la fiction et d’identifier le narrateur à l’auteur, même s’il n’a pas le même prénom. Mais bon, cela fait partie du jeu de l’écriture, et cela prouve, en fin de compte, que le lecteur lui-même s’identifie.
♦ Qu’attendez-vous maintenant de ce roman, qu’espérez-vous qu’il vous apporte ? S’agit-il d’une forme de thérapie ?
Je n’ai pas de réponse à cette question. Je ne cherche pas une psychanalyse, dans le sens où je ne cherche pas de « réponse » à un « problème ». Je ne raisonne pas en terme d’apport ou de paix retrouvée. J’écris des histoires. Je continue à écrire des histoires. Je crois que je ne fais que chercher qui je suis au fond, et que j’espère, dans ce fond-là, retrouver toute une communauté de gens qui se reconnaissent dans ces histoires.
Petite question bonus de la curieuse que je suis !
♦ Y a t-il, dans vos publications, un roman que vous préférez ?
J’ai l’habitude de répondre non, mais en fait, il y en a un que j’aime énormément, mais qui n’a pas du tout rencontré de succès et qui s’appelle Passage du Gué.
Pour finir, je tiens à remercier chaleureusement Jean-Philippe pour sa disponibilité et sa sincérité !
Très belle interview :) Et je suis sûre que tu as été très heureuse de la réaliser !
Tu m’étonnes ! ;)
Merci binômette <3
Merci pour cette interview à l’image des œuvres son sujet : simple et sincère… !
Je t’en prie :) C’est formidable d’avoir pu échanger avec cet auteur et d’avoir pu partager cette expérience !
Excellente interview, c’est toujours plaisant d’apprendre à connaître une œuvre à travers l’œil de l’écrivain ! Je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire mais pourquoi pas !
J’espère que tu pourras le découvrir bientôt, je ne recommande pas de titre en particulier, je les apprécie tous beaucoup :) A toi de voir lequel te tente pour démarrer :)
Très belle interview ! C’est un parcours très motivant ! :)
Merci beaucoup ! Et oui je trouve aussi que sa carrière est inspirante !
Merci pour cet interview très intéressant :)
Je t’en prie, ça a été un plaisir de la partager ;)
Un auteur que je ne connais pas.
Un auteur à découvrir alors ? ;)