Voilà un bon gros OVNI. Sous des apparences de comédie, Computer Chess de Andrew Bujalski pose de vraies questions et catapulte son spectateur dans un univers qui mêle l’étrange au familier. Bizarre alchimie.
Le pitch tient en une petite phrase : dans les années 80, on suit une convention de geeks ayant pour thème les logiciels de simulation d’échecs. C’est tout ? Oui. Et c’est… magique.
Car on a rarement vu un film aussi gentiment détraqué. S’il faut chercher une filiation, il faut lorgner du côté du Wargames de John Badham et du 2001 de Kubrick. Voilà pour ce qui est des références et des thématiques. En revanche, pour tout le reste, c’est vers le génial Taking Off de Milos Forman qu’on peut se tourner. En effet, Computer Chess est la seule production où j’ai trouvé le même subtil dosage de réalisme improbable et d’humour planant. Ajoutez à cela quelque chose qui touche à la fragile condition de l’homme. Il nous plonge dans une atmosphère à la fois kitch, tendre et délicieusement rétro. Pour autant, on ne verse jamais dans l’esthétisation à outrance (on est loin des récents excès de Wes Anderson par exemple).
Les personnages, à présent. Il suffit de quelques secondes pour nous les rendre terriblement humains et attachants. Leurs discussions de geeks ont beau être interminables, elles ne sont jamais lassantes. Quant aux situations, elles sont toujours savoureuses.
Ainsi le programmeur indépendant, Michael Papageorge (quel nom génial), se voit privé de chambre dans l’hôtel où se déroule la convention et se met à errer dans l’établissement pendant tout le week-end, dans ce qui finit par ressembler à une quête philosophique et poétique…
Autre exemple, le parallèle, tout au long du film, entre le groupe des informaticiens et celui des fanas de développement personnel, dont les conventions ont lieu au même moment, dans le même hôtel. La démarche des uns met en lumière celle des autres. Chercher à créer l’intelligence artificielle, c’est aussi partir en quête de soi.
Et que dire de l’histoire d’amour entre les deux jeunes geeks ? Tout simplement poignante !
Le succès du film tient surtout à son côté extrêmement sincère et personnel. Avec un budget minuscule, Bujalski réussit là où tous les blockbusters échouent. Car il se dégage de Computer Chess une magie inattendue. De celles qui ne frappent pas forcément au premier visionnage, mais se révèlent petit à petit, dans la durée… Certaines scènes reviendront vous hanter, plusieurs semaines, voire plusieurs mois plus tard !
Convaincue. Je vais de ce pas le chercher et passer une petite soirée camputer chess !! Merci ^^
Super ! J’espère qu’il te plaira ! :)