Le second tome de Bouche d’ombre, scénarisé par la romancière Carole Martinez et mis en images par Maud Begon, vient de paraître aux éditions Casterman et surpasse le premier (mon avis) : les qualités des illustrations et du scénario y sont – pour notre plus grand plaisir – meilleures et plus abouties.
Paris, printemps 1985. On retrouve la jeune Lou, fragilisée par les événements narrés dans le premier tome. Elle poursuit sa vie de lycéenne, entourée de ses copines et de son ami photographe Nassim. Mais elle souffre d’un trouble inhabituel… ici et là, au coin d’une, dans le reflet de la Seine, au détour d’un rêve, sur une photographie… elle aperçoit cette femme étrange au visage effacé… et la présence de ce chat noir près d’elle… un sinistre présage ? Entre ses cours et ses footings avec Nassim sur les Quais de la Seine, elle va essayer de percer le mystère. Qui est cette femme ? Pourquoi n’a t-elle pas de visage ? Une nouvelle fois, elle recourt aux services d’un hypnotiseur… elle se retrouve alors propulsée en 1900, dans la peau et l’esprit de cette femme.
Dans ce second opus de Bouche d’ombre, deux époques et quatre générations sont intimement liées. Par l’amour, par la spiritualité et par la science. Par la douleur, par la mort… Hypnotisée, Lou incarne Lucie, déroule le fil de l’histoire et découvre les secrets et les déchirures de plusieurs générations. De son voyage temporel, elle rapporte des réponses pour apaiser les tourments, adoucir le manque, effacer l’incompréhension.
Ce récit transgénérationnel fantastique – parfois lumineux, parfois sombre – n’hésite pas à user de symboles pour accentuer son ambiance mystique. La présence de ce chat noir et de cet oiseau rouge – échappé de sa cage au début du récit – est le fil conducteur de l’histoire. Les auteurs n’apportent pas d’explications, ces animaux se glissent entre les pages et leur présence reste délibérément floue : le lecteur est libre d’interpréter, d’imaginer. Le chat noir et l’oiseau rouge ont-ils traversé les âges pour observer et guider Lou dans sa quête ? Sont-ils des symboles : l’un funeste, l’autre heureux ? Des témoins silencieux des joies et des souffrances humaines ?
Les illustrations de Maud Begon sont plus travaillées, plus fouillées et plus audacieuses que dans le précédent tome. Les traits de la dessinatrice – déjà époustouflants – semblent avoir gagné en maturité. Une fois encore, elle excelle dans les jeux d’ombres et de lumières, elle parvient à alterner avec brio planches aux couleurs vives et planches pâles, aux couleurs pastelles. Le style très personnel de Maud Begon se manifeste dans ses personnages aux grands yeux et aux visages pointus.
Les petits charmes supplémentaires, irrésistibles de ce tome de Bouche d’ombre ? Une Jeannette et une Josette au top de leur forme ! Ces deux petites mamies sont tout simplement adorables ! Pour terminer, il est impossible de conclure sans évoquer cette fin spectaculaire et imprévisible qui laisse le lecteur abasourdi !
Le premier ne m’avait pas vraiment convaincu mais à te lire je me dis que je vais peut-être quand même jeter un œil à cette suite, ce serait bête de rester sur une impression mitigée ;)
Le premier tome m’a plu. Je note donc cette suite.
J’ai rencontré Maud Begon à Saint Malo(Quai des Bulles) elle est adorable.
Je ne connais pas de tout cette BD… mais ton billet me donne très envie de découvrir cette série !
Je n’avais jamais entendu parler de cette BD. J’ai lu « scénarisé par Carole Martinez », et ça a attisé ma curiosité. Tu me donnes très envie de découvrir l’histoire, surtout si on plonge dans le Paris des années 1900. Les dessins ont l’air superbes ! Je ne lis pas beaucoup de BD du coup j’aime bien avoir des avis pour faire des découvertes, et là ça me donne très envie de m’y plonger. Je note !
Je pense que tu peux lire directement ce tome 2 et passer le premier, que j’ai trouvé un peu moins bon ! Il y a quelques petites références qui t’échapperont mais tu pourras quand même comprendre l’intrigue. Après c’est quand même assez… mystique et il ne faut pas t’attente à tout comprendre parfaitement, il y a des zones de mystères… ;)