La série de bandes-dessinées « Secrets » ne m’avait jusque là jamais interpellée. Mais récemment, en ouvrant mes cartons je suis tombée nez à nez avec la magnifique Intégrale de « L’Angélus » de Homs et Giroud et la tentation a été très forte ! Une fois encore mon intuition a été une bonne conseillère car j’ai énormément apprécié cette lecture. Je ne m’attendais à rien de particulier, j’avais à peine lu la quatrième de couverture, mais le graphisme a suffit pour me convaincre d’ouvrir cette histoire. Et j’ai basculé. Plongé dans la vie de Clovis, dans son histoire familiale, dans son passé obscur.
Le personnage central de ce récit est un homme sinistre, taciturne, grave et ennuyeux. Le rire et la joie ont déserté sa vie professionnelle et familiale. Il mène une existence fade et routinière, parfaitement dénuée de fantaisie, entre un adolescent qui ne le respecte pas et une femme qui semble l’indifférer. Mais le jour où il s’autorise une escapade au Musée d’Orsay sa vie bascule. Sa rencontre avec le tableau « L’Angélus » de Millet le touchera au plus profond de son être, sans qu’il puisse se l’expliquer. Fasciné et étrangement possédé par cette œuvre, il mènera une enquête qui le conduira vers une véritable et profonde quête d’identité. Des indices le mèneront sur les traces d’un passé familial regorgeant de mystères et donneront naissance à un parcours initiatique qui fera de lui un homme nouveau. L’amour, la joie, la légèreté et la fantaisie vont s’immiscer dans sa vie et la transformer à jamais…
J’ai trouvé l’évolution de ce personnage intéressante et subtile, je me suis surprise à éprouver de plus en plus de sympathie pour cet homme au fur et à mesure de ma lecture. La transition progressive entre le Clovis terne, assommant et froid du début et le Clovis affectueux, enthousiaste et joyeux de la fin m’a convaincu et ému. Beaucoup d’humanité et de sensibilité émanent de ce récit juste et sincère d’un homme qui se cherche et se trouve à travers l’Art. Des thèmes forts – tels que l’art, l’amour, la famille, le passé, l’identité – portent et transcendent ce récit envoûtant. La Vérité est présentée dans cette histoire comme essentielle pour prétendre au bonheur, une condition primordiale pour l’épanouissement personnel. J’ai beaucoup apprécié la subtile portée philosophique et existentialiste de cette œuvre vivifiante et pleine de vitalité.
Le graphisme est pour moi le clou de cette bande-dessinée et l’élément qui a achevé d’en faire un coup de cœur ! Le cadrage dynamique, énergique – presque cinématographique – donne du rythme à ce récit plutôt lent et contemplatif, et les planches monochromatiques aux couleurs chaudes vives et unifiées ont apporté de la chaleur, des émotions et beaucoup de tendresse au scénario.
Une très belle œuvre, qui apporte chaleur et réconfort durant cet hiver glacial !
Elle me tente bcp :)