Dans le roman « Tsubame », troisième tome de la saga « Le Poids des Secrets » de Aki Shimazaki, le personnage central est la mère de Yukio, Mariko Kanazawa, de son vrai nom Yonhi Kim, une femme Coréenne qui deviendra Japonaise par nécessité. Elle n’est âgée que d’une douzaine d’années lorsque le tremblement de terre du Kanto sévit et dévaste tout sur son passage : cette catastrophe naturelle est l’occasion pour l’armée Japonaise de massacrer les émigrés Coréens. Sa mère la laisse en sécurité dans une église, sous un faux nom et sous la protection d’un chaleureux prêtre, puis part à la recherche de son frère disparu, après lui avoir promis de revenir la chercher. Mais elle ne revient pas et Mariko grandit dans cette église, entourée d’orphelins, élevée par Mr Tsubame, le prêtre qui l’a recueillie et aimée comme son enfant. Mariko va évoluer, se construire et vivre sa vie de femme Japonaise dans l’ignorance du sort de sa mère et de son oncle, ainsi que de l’identité de son père. C’est à la fin de sa vie qu’elle trouvera une partie des réponses aux questions qui l’auront habitée sa vie durant.
Mariko est une femme attachante au destin atypique ; elle est forte et, malgré les obstacles intensément douloureux qui parsèment sa vie, elle trouve son équilibre et construit une famille soudée, aimante. Mariko est admirable et parviendra à évoluer tout en conservant le secret de son identité Coréenne, tel un poids qui pèse sur son cœur et dont elle se pourra jamais se soulager. La thématique de l’Identité revient de manière récurrente dans l’œuvre de Shimazaki : les personnages se cherchent : leurs origines, leurs liens familiaux, tout les ramène aux mêmes questions : qui suis-je ? D’où je viens ?
A l’instar des tomes précédents, ce roman présente une trame familiale sur fond historique et dénote une envie de témoigner : Aki Shimazaki, grâce à sa plume, exprime sa volonté de faire connaître des faits historiques moins connus et de rendre hommage aux nombreuses victimes de ces drames (le tremblement de terre du Kanto et le massacre des émigrés Coréens). L’écriture épurée ainsi que le style effilé et dépouillé de l’auteur nous décrivent les événements avec beaucoup de simplicité et de sincérité, suscitant de vives et authentiques émotions chez le lecteur. L’art de Shimazaki réside dans sa faculté à écrire des textes très aboutis en très peu de pages. Et toujours grandioses.
quelle magnifique pentalogie j’en garde un souvenir ému!